Le planning familial fête ses 60 ans à Saint-Etienne

4 novembre 2022 à 7h47 par Nicolas Georgeault

Le planning familial à Saint-Etienne
L'ancien planning familial de Saint-Etienne
Crédit : Activ Radio

Le planning familial a accompagné les évolutions sociales concernant la sexualité depuis 60 ans. A cette occasion le congrès national du planning familial se tient à Saint-Etienne dès ce vendredi et jusqu'à dimanche pour définir la politique du mouvement durant les trois prochaines années.

Un lieu d'accueil médical...

Le planning familial 42 s’affiche en lettres roses un peu défraichies 16 Rue Polignais dans le quartier Tarentaize à Saint-Etienne. A l’intérieur, une femme de 27 ans patiente dans la salle d’attente pour « se faire poser un stérilet. » Ici, il faut enfiler un masque lorsqu’on rentre. « On reste un centre médical » rappelle Caroline, l’une des animatrices du planning familial.

Il est possible de venir pour de la gynécologie, des tests de grossesse, ou des IVG comme cette mère de 27 ans : « la première fois que je suis venue ici, j’étais enceinte et je ne voulais pas le garder. Je suis venue, ils m’ont bien accueilli. Je me suis faite avorter, tout s’est bien passé. Puis après, je suis tombée enceinte et je l’ai gardé » se remémore-t-elle son bébé dans les bras.  

Notre reportage au planning familial de Saint-Etienne : 

Il est également possible de venir au planning familial pour se faire dépister. « On a vu l’évolution de la loi sur les IST, on est passé de dépistage VIH (il y a 20 ans) au dépistage de l’hépatite B, hépatite C, Syphilis... En plus du VIH. » se souvient Nadine Montagne. Un médecin est présent sur place tous les jours. Ce sont autant des hommes que des femmes qui viennent se faire dépister alors que pour l’ensemble des consultations ce sont environ deux tiers de femmes qui se rendent au planning familial. Environ 15 000 personnes s'y rendent chaque année.

... Mais aussi d’écoute

« Je trouve que c’est plus rassurant que d’aller chez le médecin, que les gens sont bien plus à l’écoute, on dirait qu’ils ont vécu un peu la même chose raconte cette jeune fille de 19 ans après son rendez-vous. Chez le médecin, on se dit qu’il va nous parler avec des mots médicaux, que l’on ne va pas comprendre.... Je viens quand je suis vraiment bloquée, environ une fois par mois » sans avoir besoin de prendre rendez-vous.

« On est là pour discuter et que la solution vienne de la personne » explique Nadine Montagne qui précise que son rôle de conseillère conjugale n’est pas « de donner des conseils » mais de « tenir conseil ». Pour les personnes ne pouvant pas se rendre sur place un numéro vert (0800 08 11 11) est également disponible.

Il arrive à prévenir avant de guérir, c’est vraiment un endroit rassurant je trouve.

Ecouter mais aussi informer puisque le planning familial intervient dans les classes, mais aussi dans les Maisons Familiales Rurales (MFR) ou encore les CFA afin d’indiquer « les lieux ressources » précise Nadine Montagne.

Le planning familial de Saint-Etienne est le seul en France à proposer de la médiation familiale : 

Une histoire marquée par les évolutions de la société

L’histoire commence en 1956 en France avec la création de la maternité heureuse dont le but est de promouvoir le contrôle des naissances et de lutter contre les avortements clandestins estimés entre 400 000 et 600 000 à cette époque. La maternité heureuse devient le Mouvement Français pour le Planning Familial (MFPF qui deviendra plus tard le planning familial) à partir de 1960. Le mouvement connait un essor rapide puisque cinq ans plus tard il compte 100 000 adhérents.

L’association se met à accompagner les évolutions de la société. Elle se définit en 1967 comme un « mouvement d'éducation et permanente » tourné notamment vers l'éducation sexuelle. Quelques mois plus tard, l'Assemblée Nationale vote la loi Neuwirth qui autorise l’usage des contraceptifs. Il faut ensuite attendre 1975 pour que la Loi Veil dépénalise l’interruption volontaire de grossesse.

Si ces lois sont adoptées dans les années 1960 et 1970, elles continueront d’évoluer : « ce que j’ai vu principalement c’est l’évolution de la loi sur l’IVG. L’allongement des délais, le fait qu’on puisse faire de l’IVG médicamenteuse en ambulatoire en cabinet médical » relate Nadine Montagne.

Les locaux du planning familial de Saint-Etienne
Les locaux du planning familial de Saint-Etienne
Crédit : Activ Radio

Le planning familial se définit aujourd’hui comme « un mouvement féministe et d’éducation populaire » et continue « d’adapter ses problématiques et ses fonctionnements à la société » explique Nadine Montagne prenant l’exemple de la transidentité. « On n’en parlait pas il y a 20 ans » rappelle-t-elle. Et pour le futur d’autres combats sont à venir : « ce qu’on souhaiterait c’est que notamment la loi sur l’IVG rentre dans la constitution pour être immuable » même si le Sénat a rejeté cette proposition de loi le 19 octobre dernier. Le congrès national organisé à Saint-Etienne du 4 au 6 novembre aura justement pour objectif de décider des orientations pour les trois prochaines années du planning familial.


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