Les agriculteurs face aux restrictions d’irrigation

10 août 2022 à 7h38 par Nicolas Georgeault

Champ de maïs de Hervé Bouard
Champ de maïs de Hervé Bouard
Crédit : Activ Radio

16 départements sont à nouveau en vigilance orange canicule. Pour faire face aux vagues de chaleur, la Préfecture de la Loire a pris des arrêtés depuis juin pour limiter la consommation d’eau. Nous sommes allés à la rencontre d’un agriculteur à Saint-Laurent-la-Conche, Hervé Bouard qui a une soixantaine de vaches pour la production laitière pour voir comment il faisait face à ces restrictions.

Des arrêtés face à la sécheresse

Les feuilles des maïs sont défraichies, jaunies par un soleil de plomb. Mais c’est surtout l’absence d’irrigation qui les fait mourir. Le puit pompe l’eau dans les nappes phréatiques avant de l’envoyer jusqu’à l’arroseur. D’habitude, les maïs sont irrigués « 22h à 24h par jour » à raison d’environ 25 000 litres d’eau par heure (un français consomme 53 000 litres d’eau par an environ).

Mais en raison du déficit pluviométrique, près de 90% de la France l’était en juillet selon le rapport de Météo France, des arrêtés ont été mises en place. Pour les agriculteurs, l’irrigation est autorisée seulement entre 20h et 8h du matin. Des mesures qui sont peuvent même être plus strictes puisqu’il est par exemple interdit d’arroser certaines prairies.

Des maïs qui se meurent

Hervé Bouard s’enfonce dans le champ de maïs, prend un légume et l’ouvre : « Voilà un maïs qui a souffert du sec, il est mal fécondé. Normalement, la poupée (la partie où se trouve tous les grains) est très longue et large de diamètre. Normalement il y a 16 ou 18 rangs (de grains de maïs), là il y en a huit ou dix. »

« On dit qu’ils font le poireau explique-t-il. C’est qu’ils attendent de l’eau, ils se mettent en stress hydrique. La feuille s’enroule pour limiter la consommation d’eau. Jusqu’à un stade où on voit des feuilles jaunes, là c’est qu’ils sont morts. »

Notre reportage dans la ferme de Hervé Bouard : 

Au total, la production d’un kilo de maïs de fourrage nécessite 238 litres d’eau en moyenne selon le CNRS (la contenance d’une baignoire pleine environ). C’est bien moins que d’autres produits alimentaires comme le riz (pluvial) pour qui nécessite 1600 litres d’eau pour produire un litre. L’irrigation est aujourd’hui insuffisante pour Hervé Bouard : « il leur faudrait beaucoup plus d’eau ». Pour une exploitation laitière, il faut aussi compter les 180 litres d’eau que peut consommer chaque jour une vache en période de canicule.  

Un impact sur le cheptel

Le rendement en maïs devrait être « divisé par deux ». Alors que les vaches de Hervé Bouard ne paissent plus, il existe le risque qu’elles soient « sous-alimentés » ou de devoir « réduire le cheptel » pour les alimenter correctement.

« Ce manque de fourrage va nous faire augmenter nos charges et mettre nos exploitations en difficultés. [...] La personne qui a besoin d’acheter du fourrage, alors que sur le département de la Loire il y a très peu de fourrage de disponible, c’est un coût énorme. »

Hervé Bouard parle de ses dificultés actuelles : 


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