20 ans d’ACTIV : l'exceptionnelle saison 2003-2004 de l'ASSE

1er juin 2023 à 8h20 par Nicolas Georgeault

ASSE 2003

Au terme de la saison 2003-2004, les Verts remontent en Ligue 1. Récit de l’une des saisons les plus riches en émotions des 20 dernières années avec les témoignages exclusifs de Frédéric Antonetti et Lilian Compan.

Des Verts pas forcément favoris

Les Verts végètent depuis deux ans en Ligue 2 à l’entame de cette saison 2003-2004. Et ils ne sont pas favoris pour la montée, encore moins pour le titre. L’an passé, ils ont accroché la neuvième place. « On ne sait pas trop à quelle sauce on va être mangé » se souvient Jean-Guy Riou, président de l’USS, l’Union des Supporters Stéphanois.

La stabilité vient de Frédéric Antonetti. Alors jeune entraineur, le Corse s’est assis sur le banc stéphanois depuis sa descente en Ligue 2 : « beaucoup de gars étaient partis, il a fallu purger un peu l’effectif. On était interdit de recruter à ce moment-là. On a pris deux joueurs prêtés : Nicolas Marin par Auxerre et un joueur libre de contrat : Ilunga. Puis on a pris trois chômeurs. »

L’effectif est jeune avec un âge moyen de 23,4 ans. Frédéric Antonetti s’appuie sur certains piliers déjà présents depuis plusieurs années comme Julien Sablé, Patrice Carteron ou encore Lilian Compan. Le buteur des Verts se remémore une année qui débute sans « vraiment d’objectifs. On était dans le flou total. »

Le début de saison est en demi-teinte pour les Verts avec six victoires lors des dix premiers matchs. Mais entre la onzième et la vingtième journée, ils ne subissent qu’un seul revers. Pour Frédéric Antonetti le tournant de la saison « c’est le match à Clermont. On gagne 3-0 là-bas et je pense que c’est un déclic. » De bons résultats sur le terrain et une bonne entente en dehors : « on était capable de faire des repas hors terrain avec tout le groupe, c’est rare. On avait une volonté, une capacité de travail. On a été petit à petit obnubilé par l’objectif de montée. »

Entre temps, Bernard Caïazzo rachète les parts d'Alain Bompard (qui avait déjà cédé la présidence en mai 2003 à Henri Grange). Il devient le nouveau propriétaire du club aux côtés de Jean-Claude Perrin et Thomas Schmider. Plus tard, il deviendra seul maitre à bord après avoir racheté les parts des deux hommes. « J’ai regretté que Alain Bompard parte déplore Frédéric Antonetti. C’est lui qui m’avait fait venir et j’avais de bonnes relations avec lui et son fils Alexandre. Les nouveaux actionnaires ont promis monts et merveilles. En janvier, pour le mercato je n’ai rien vu. [...] On s’est débrouillés tous seuls. Concernant la valeur qu’ils ont ramenée : zéro, rien du tout, que des difficultés. »

Une demi-finale de Coupe de la Ligue mythique

Ce rachat ne perturbe pas l’équipe outre mesure. En parallèle des bons résultats en championnat, les Verts réalisent un beau parcours en Coupe de la Ligue et atteignent les demi-finales. Dans un chaudron en fusion, ils affrontent Sochaux en février 2004. Une défaite 3-2 au bout du temps réglementaire mais des souvenirs éternels avec « une des plus belles ambiances des dernières décennies » selon Jean-Guy Riou. « C’est l’un des matchs les plus fous que j’ai pu vivre. On ne pouvait pas faire plus. Mais quel pied de vivre cette ambiance dans le stade Geoffroy-Guichard ! » s’enthousiasme Lilian Compan.

Un mois plus tard, les Verts prennent les commandes de la Ligue 2 lors de la 28ème journée pour ne plus les lâcher. « Quand on a commencé à être premiers avec les supporters qui vous mettent une pression pas possible, on avait le devoir d’y arriver » témoigne Lilian Compan.

Un dernier match dans la légende des Verts 

Ce n’est pourtant pas si simple. Lors de l’avant-dernière journée, les Verts s’inclinent au Havre. Dans un chaudron une nouvelle fois en fusion, ils reçoivent Châteauroux lors de l’ultime match de la saison. Les Verts, sous pression, balbutient leur football.

A une demi-heure de la fin du match, le score est de 1-1, le titre leur échappe. A cinq minutes du terme de la partie, un ballon arrive dans le dos de Damien Bridonneau. D’une extraordinaire reprise de volée, le défenseur envoie le cuir au fond des filets. Le peuple vert chavire : « c’est le public qui a marqué le but » assure Antonetti. « Il délivre tout un peuple. On peut comparer à une ambiance Coupe d’Europe » s’enthousiasme Jean-Guy Riou.  Avec 73 points, le club est titré et fait son retour en Ligue 1. Pour Antonetti ce match clôt « sûrement une de (s)es plus belles années. »

Car la montée se fera sans lui. La presse rapporte un refus d’Antonetti de prolonger. Un contrat lui aurait été proposé mais pas à Thierry Vilanova, le directeur sportif, entrainant un refus du technicien corse de poursuivre l’aventure. « Ça c’est de la com ! dément fermement Frédéric Antonetti. Les nouveaux dirigeants voulaient changer d’entraineur. "On arrive, merci pour le travail que vous avez fait, on veut mettre nos hommes" ça je le comprends... Mais pas de la façon dont ils l’ont fait ! [...]. Ils ont communiqué à leur façon mais ce ne sont que des mensonges. Ils ont trouvé l’excuse de dire on ne propose pas à Vilanova mais Antonetti refuse... Ce n’est que des bêtises, des mensonges ! » Contacté Bernard Caïazzo n’a de son côté pas donné suite à nos sollicitations.

Cette saison symbolise le renouveau stéphanois. Les Verts entament leur meilleur cycle depuis les années 1980 et l’affaire de la caisse noire, qui a marqué le déclin du club. Il faut tout de même attendre les années 2010 pour voir le club jouer l'Europe.

Même si cette rupture laisse un goût amer, cette saison 2003-2004 est un renouveau après que les Verts aient mangé leur pain noir : « chaque fois que je croise un joueur de cette équipe-là, on se dit "c’est une des plus belles années de notre carrière." » se souvient Frédéric Antonetti.


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