Flash back il y a 20 ans : la contestation de la réforme des retraites 2003

16 mai 2023 à 8h45 par Nicolas Georgeault

Manifestation contre la réforme des retraites 2003 en guise d'illustration
Manifestation contre la réforme des retraites 2003 en guise d'illustration
Crédit : Activ Radio

A l'occasion de nos 20 ans, on remonte le temps. Le 18 juillet 2003, la réforme des retraites est validée, l’aboutissement d’un processus long de neuf mois. Une loi qui a provoqué d’importantes mobilisations à son encontre.

Un long marathon institutionnel

Les sénateurs valident définitivement la nouvelle loi sur les retraites ce 18 juillet. La retraite à 60 ans a vécu, place désormais à un départ à 62 ans après 42 annuités de travail.

Quelques jours plus tôt à l’Assemblée Nationale les 393 votes favorables à cette réforme, sur les 273 que nécessitent la majorité absolue, s’affichent sur un tableau. Un choix implacable à l’Assemblée. Pourtant, la réforme aboutie au terme d’un long processus.

Au début de l’année 2003, François Fillon, alors ministre des affaires sociales, dessine les contours du projet de loi. A la mi-avril, il présente les grandes lignes de son projet aux syndicats puis au grand public quelque jours plus tard lors de l’émission 100 minutes pour convaincre.

Que contient cette nouvelle réforme ? 

Dans sa réforme, on retrouve un allongement de la durée de cotisation qui passe à 40 ans pour les fonctionnaires (ils ont désormais le même régime que le privé). Une pension minimum à hauteur de 85% du SMIC est également définie. Une possibilité de racheter les années d’études et celles incomplètes (dans une limite de trois ans) ou encore un régime complémentaire qui prend en compte les primes pour la fonction publique sont aussi votés.

François Fillon l’assure il s’agit de « la seule réforme possible ». Mais les syndicats - exception faites du MEDEF - ne l’entendent pas de cette oreille. « L’allongement de la durée de cotisation [est venu] avec le sentiment d’une trahison du contrat que l’on avait passé avec l’Etat. Moi étant dans le premier degré, quand je suis rentré dans le métier c’était avec la retraite possible à 55 ans. A partir de 2003, c’était repoussé à 57 ans. L’autre point, c’est le sentiment profond que les mesures proposées ne permettaient pas de répondre à la crise du financement de la sécurité sociale » explique Marc Sauveton, secrétaire départementale de la FSU (syndicat enseignant) de la Loire à l’époque.

Plusieurs millions de personnes dans la rue

Au printemps, ils se mobilisent : « la grève reconductible a débuté le 6 mai » se souvient Marc Sauveton. Le 13 mai 2003 entre un et deux millions de manifestants battent le pavé à Paris. Dans le Roannais « nous étions plus de 20 000 manifestants. Il y avait entre 80 et 90% des enseignants en grève avec aux alentours de 130 écoles fermées. Il n’y avait que quatre bus sur 32 qui fonctionnait » rembobine Serge Lenoir, l’ancien secrétaire de la CGT dans le Roannais. « Ce n'est pas la rue qui gouverne ! » avait assené quelques jours plus tôt le Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin.

Les négociations échouent avec une partie des organisations syndicales mais la CFE-CGC et surtout la CFDT se rangent finalement derrière le projet de loi le 15 mai. « La CFDT n'a pas eu une attitude convenable » accuse Bernard Thibault, le secrétaire de la CGT. « On s’est senti lésé » confirme aujourd’hui Serge Lenoir.

Un accord notamment sur les carrières longues est convenu. Un départ anticipé à la retraite est possible à 60 ans à condition d’avoir cotisé 43 ans et demi (deux ans de plus que la durée nécessaire pour une retraite à taux plein).

Les manifestants n'obtiennent pas gain de cause 

La décision du premier syndicat de France a un impact énorme. Après cette décision, les manifestations continuent mais finissent par s’essouffler progressivement. « Je ne dirais pas qu’il y a eu un essoufflement des mobilisations réfute Serge Lenoir. Fin mai, début juin, il y avait des manifestations et puis après est arrivé la période des congés payés : juillet-août n’est pas trop favorable aux manifestations. »

Auprès des adhérents de la CFDT, la décision ne passe pas non plus. Le syndicat perd des dizaines de milliers d’adhérents, l'Union fédérale des cheminots CFDT se dissout.

Fin juin, c’est au niveau institutionnel que se joue désormais la bataille. La gauche dépose de nombreux amendements, le gouvernement accuse une « obstruction parlementaire ». Mais au bout de trois semaines de délibération, la loi est finalement définitivement votée.

Elle s’inscrit dans la continuité des réformes mises en place auparavant. Les lois qui lui succèderont prendront le relais. En 2010, 2013 puis 2023 viendront modifier le texte rédigé par François Fillon, toujours sous le feu des critiques : « vingt ans après ce sont les mêmes questions qui se posent » tance Marc Sauveton.  


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