Derrière le rachat de Verney-Carron, des enjeux d’Etat

12 décembre 2022 à 7h57 par Nicolas Georgeault

L'entreprise Verney-Carron
L'entreprise Verney-Carron
Crédit : Activ Radio

Verney-Carron est racheté par Cybergun. La manufacture d’arme la plus ancienne de France, basée à Saint-Etienne, a été reprise pour 20 millions d’euros.

Des dizaines d’emplois et des millions d’euros investis

En mars dernier, Cybergun, spécialisé dans les répliques d’armes airsoft, rachète Verney-Carron. L’entreprise stéphanoise avait été placée en procédure de sauvegarde en septembre 2021 à la suite d’une baisse de cinq millions d'euros de chiffre d'affaire à un peu moins d’un million d'euros en 2020.

Avec ce rachat, Cybergun compte devenir le premier acteur français des armes de petits calibres. Pour atteindre cet objectif, l’entreprise mise sur des ventes à l’Etat français qui les soutient. Quentin Bataillon, député de la 1ere circonscription de la Loire a notamment tenu à remercier Cybergun de son rachat. Gaël Perdriau - qui ne s’exprime toujours pas à la presse - a également apporté son soutien assurant que la mairie allait les soutenir financièrement et les aider à trouver un nouveau local alors que l’entreprise cherche à déménager.

Aucun fond public n’est toutefois versé à Cybergun. L’entreprise a annoncé ne vouloir investir que des fonds propres (de l’argent qu’ils ont, pas de dettes). En échange, ils attendent que l’Etat les favorisent dans les marchés publics explique Hugo Brugière, le PDG de Cybergun. Il faudrait vendre entre 5 000 et 10 000 armes par an à l'Etat pour être rentable selon Hugo Brugière. La grande majorité de la production reste toutefois celle des armes de chasse qui représente 70% du chiffre d'affaire. 

Cybergun prévoit d'injecter 20 millions d'euros sur cinq ans au total (15 millions sur les trois prochaines années). Trois millions ont déjà été apportés pour le désendettement de la société. L'entreprise souhaite réapprovisionner ses stocks mais aussi augmenter son nombre d'employés. L’entreprise compte actuellement 75 salariés et en recherche une quinzaine supplémentaires, qu'elle a d’ailleurs du mal à trouver. Sur une période de trois ans, Verney-Carron compte employer une centaine de personnes supplémentaires.

Un VCD15 produit par Verney-Carron
Un VCD15 produit par Verney-Carron
Crédit : Activ Radio

Des enjeux de souveraineté et un réarmement global de la France

« C’est un véritable réarmement de la nation que nous avons décidé il y a cinq ans » se félicitait Emmanuel Macron lors d’un discours le 9 novembre. Un réarmement qui passe par une augmentation des effectifs puisque les réservistes doivent passer de 40 000 à 100 000 dans les années à venir. Or, Verney-Carron est aujourd’hui « la seule entreprise en capacité d’approvisionner notre armée en fusil d’assaut en France » selon Quentin Bataillon.

Depuis la cession de Manurhin, un groupe spécialisé dans l’armement, aux Emirats Arabes Unis, il n’est par exemple plus possible de produire des munitions de petits calibres en France. « Nous avons le fusil d’assaut qui est allemand, les munitions qui sont belges et les pistolets qui sont autrichiens » résume Quentin Bataillon qui conclut « la souveraineté nationale se joue aujourd’hui à Saint-Etienne. » Hugo Brugière le PDG de Cybergun parle de leur production d’armes 100% made in France comme du « dernier rempart pour la souveraineté économique ». 

La production d’armes s’inscrit également « dans un nouveau contexte stratégique avec un monde plus dangereux » analyse Thomas Gassiloud, député du Rhône et Président de la commission de la Défense nationale et des Forces armées à l'Assemblée Nationale, en faisant référence à la guerre en Ukraine. Le « modèle d’armée se trouve questionné » ajoute Thomas Gassiloud, avec désormais l’idée d’avoir une armée opérationnelle.


Titres diffusés