La marque 900.care fait appel à une usine de la Loire
10 septembre 2024 à 8h25 par Clémence Dubois Texereau
Créée en 2019, la marque française commercialise des produits d’hygiène uniquement solides. Une innovation qui lui permet de réduire sa production de plastique et sa consommation énergétique.
Il n’est pas rare de voir passer des publicités de la marque 900.care sur les réseaux sociaux. Marque dite éco-responsable, 900.care commercialise divers produits d’hygiène et de maison sous forme solide uniquement. Une innovation écologique pour s’adapter aux enjeux environnementaux d’aujourd’hui.
En effet, l'industrie cosmétique rime avec plastique. Les emballages des produits d’hygiène et de beauté sont majoritairement fabriqués à partir de plastique non-recyclable. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), seuls 9 % des déchets plastiques sont recyclés à l’échelle mondiale. Pourtant, “le monde produit aujourd’hui deux fois plus de déchets plastiques qu’il y a vingt ans”. La pollution plastique représente aujourd’hui près de 150 millions de tonnes de déchets accumulés dans les océans et les cours d’eau depuis 1980, chiffre le Commissariat général au développement durable (organisme du ministère de la Transition écologique).
Finalement, l’industrie cosmétique est très gourmande en eau. Les fabricants ont besoin d’eau pour la formulation et la production de leur produit. De plus, certains processus de fabrication nécessitent l’usage d’agents chimiques très polluants et dangereux pour les personnes qui les manipulent.
Face à de tels constats, Aymeric Grange et Thomas Arnaudo ont décidé de créer 900.care, une marque de produits d’hygiène et de maison éco-responsable. “Le marché de l’hygiène beauté marche sur la tête, pointe du doigt l’un des cofondateurs de 900.care, Thomas Arnaudo. "Par exemple, un gel douche classique, c’est 80 à 90 % d’eau, de l’eau que l’on a chez soi, dans sa salle de bain ou dans sa cuisine. C’est également du plastique que l’on va jeter une fois terminé.”
Gel douche, dentifrice, déodorant, et même liquide vaisselle, et lessive, la marque élargit sa gamme en promettant une production française respectueuse de l’environnement. “Le but, c’est de remplacer tous ces produits du quotidien [...] par des produits qui soient plus durables, sans que ça nous coûte plus cher”, ajoute-t-il.
Un format pas comme les autres
Les consommateurs achètent leurs produits sous format solide. Par exemple, le gel douche est vendu par “recharge” réalisée en poudre pressée. Ils ajoutent ensuite une faible quantité d’eau pour retrouver la sensorialité d’un gel douche plus classique, de grande distribution. Concevoir des produits uniquement solides contribuent à réduire l’impact environnemental : “On a concentré les agents actifs [des produits cosmétiques] dans de petits bâtonnets, ce qui veut dire que nos produits sont 10 fois plus légers que les produits classiques du marché. Ce qui signifie que l’on va émettre beaucoup moins de CO2 pendant le transport.”, explique Thomas Arnaudo.
Un site de production ligérien
L’entreprise 900.care imagine ses produits à Paris, et les fait produire à Andrézieux-Bouthéon, chez nous, dans la Loire. La marque a fait appel à La Fabrique à poudre. Fondée au début de l’année 2023, l’usine est très peu énergivore.
En effet, La Fabrique à poudre développe uniquement des produits solides, dont la fabrication nécessite bien moins d’eau. “En travaillant en forme sèche, sous forme de petits bâtonnets à dissoudre, on n’a pas besoin de puiser l’eau pour laver les flacons, ou pour venir préparer le gel douche dans des grosses cuves très énergivores en électricité, relate Mickaël Urrea, fondateur de La Fabrique à poudre. On utilise l’eau seulement pour nettoyer nos équipements.” Ainsi, l’usine consomme environ 11 m3 d’eau par mois, soit l’équivalent d’un foyer de quatre personnes. Le site de production se caractérise également par sa petite taille, 10 fois inférieure à celle d’une usine classique.
Le succès de La Fabrique à poudre n’est plus à prouver. Son fondateur, Mickaël Urrea, à remporté plusieurs prix, dont le prix "Procédés Durables" remis lors des Trophées des Ingénieurs du Futur 2024. Un deuxième site de production est actuellement en construction dans la commune de Saint-Marcellin-en-Forez, et devrait voir le jour en 2026.
Aujourd’hui, la réduction de la production de plastique est au cœur d’un projet lancé par la Fédération des entreprises de la beauté (Fébea). L’organisation intersyndicale avait inauguré en 2021 le “Plastic Act”; un plan d’action visant à réduire la place du plastique dans l’industrie cosmétique. Selon un premier bilan, la majorité des entreprises sondées ont réduit leur production de plastique en deux ans. Néanmoins, de nombreux facteurs freinent encore les entreprises de cosmétique à réemployer, et réincorporer ces matières plastiques. La Fébea annonce poursuivre son plan d’action jusqu’en 2025 pour atteindre ses objectifs environnementaux.
Sujet signé Anouk Thebaud