Loire : pourquoi les points d’eau sont aussi souvent interdits à la baignade ?

Publié : 30 juillet 2025 à 8h00 par Amandine Rousset

Saint-Victor-sur-Loire

Le processus est long avant de parvenir à un arrêté municipal, ou préfectoral. Pour cela, des analyses, commandées par l’ARS, doivent être effectuées, puis envoyées aux communes. Depuis plus de deux ans, les critères se sont durcis et les taux ont été relevés. Désormais, les cyanobactéries ne sont pus les seules bactéries recherchées.

Si depuis le début de l'été, la base nautique de Saint-Victor-sur-Loire passe entre les goutes et que piquer une tête au lac de Villerest est à nouveau autorisé depuis le week-end dernier, ce n'est pas toujours le cas. En 2024, il a été interdit de se baigner pendant 8 semaines, sur 10 semaines d’ouverture, à Saint-Victor-sur-Loire. Chaque année, la raison est la même, la présence de bactéries nocives pour la santé. Mais avant d’interdire la baignade, le processus nécessite plusieurs étapes et l’implication d’au moins trois acteurs principaux. Le premier n’est autre que l’Agence régionale de santé.

 

"Nous avons comme responsabilité d’organiser le contrôle sanitaire de la qualité de l’eau. Nous passons donc un marché avec un laboratoire, CARSO, qui réalise les analyses. On fixe les points de surveillance, la fréquence des analyses et quelles sont les analyses à réaliser. Le laboratoire agit pour notre compte, il va faire les prélèvements, les analyses et nous transmet les résultats. Dans le marché c‘est cadré pour qu’ils nous les envoient dans les 4 jours. Et dès qu’on a les résultats, le laboratoire émet une alerte qu’il adresse à l’ARS et la commune responsable de la baignade. Derrière, nous, on édite dans la journée un bulletin avec nos recommandations sanitaires", explique Cécile Allard, responsable du pôle santé publique et santé environnement à l’ARS de la Loire. Et d’ajouter : "Le ministère de la Santé a fixé des seuils basés uniquement sur la présence de toxines, depuis 2022, et non sur la présence de cyanobactéries. 4 toxines sont aujourd’hui recherchées : microcystine, l'anatoxine-a, cylindrospermopsine et la saxitoxine. Des seuils ont été fixés pour ces toxines et si on les dépasse l’ARS recommande d’interdire la baignade."

 

Les seuils à ne pas dépasser sont les suivants : cylindrospermopsine : 42 mg/l – saxitoxine : 30 mg/l - microcystine : 0.3mg/l - l'anatoxine-a : pas de limite (ndlr, il est interdit de se baigner dès qu’une infime trace est détectée parce qu’elle peut avoir des effets neurotoxiques).

 

Quid de la Préfecture ?

Une fois que les analyses sont envoyées, deux autres acteurs entrent dans le processus. La Ville et la Préfecture. Le premier, peut prendre un arrêté municipal si les données sont alarmantes. "A chaque fois que c’est dépassé, on interdit. C’est la règle du parapluie administratif, on ouvre le parapluie à la moindre goutte. Nous ne pouvons pas nous permettre de prendre le moindre risque car en cas de maladie ou ingestion de trop de quantité, la Ville sera responsable. Même si les taux sont extrêmement bas", détaille Charles Dallara, adjoint au maire de Saint-Étienne en charge des espaces verts et naturels.

Alors à quel moment la Préfecture peut intervenir ? "Si plusieurs communes sont concernées, ou que le maire ne fait pas ce qui est prévu, je peux prendre, moi préfet, un arrêté qui vise la même chose. Par exemple sur le bassin de Saint-Victor, il y a Saint-Victor-sur-Loire et Saint-Paul-en-Cornillon. Dans ce cas-là c’est plus simple que ce soit moi qui prenne l’arrêté qui couvre l’ensemble du bassin", répond Alexandre Rochatte, Préfet de la Loire.

Les deux hommes politiques s’accordent sur un fait : les critères se durcissent d’année en année et deviennent plus restrictifs. D’autant plus qu’il est compliqué de lutter contre la prolifération de ces bactéries.

"C’est extrêmement compliqué car les cyanobactéries (ndlr, autres types de bactéries nocives pour la santé, les plus connues) ont tendance à se multiplier, à augmenter sur de l’eau stagnante, qui ne bouge pas, ce qui est le cas à Saint-Victor et Villerest. Et en plus, avec l’augmentation de la température de l’eau, il y a le développement de bactéries et notamment de cyanobactéries. On l’a vu l’année dernière. La base nautique de Villerest a mis en place un système d’aération de l’eau, qui permet autour de ces points d’aération d’eau de ne pas avoir de bactéries. Il y a donc des solutions qui existent, mais qui sont assez coûteuses et techniques", ajoute le Préfet.

 

Des bactéries qui peuvent impactés le système nerveux

Les analyses doivent obligatoirement être faites toutes les deux semaines au minimum. Dans certains cas, notamment sur les sites où la présence de cyanobactéries ou d’autres nuisances est très forte, la fréquence des analyses passe à une fois par semaine.

"Les symptômes qu’on peut avoir si on se baigne en contact avec les toxines des cyanobactéries sont une réaction assez immédiate, avec une irritation, rougeur de la peau du nuez de la gorge et des yeux des boutons. D’autres symptômes peuvent être plus liés à l’ingestion de l’eau comme des maux de ventre, vomissements, maux de tête, étourdissements et intoxication foi, rein, impact sur le système nerveux et reproducteur mais ça, ce sont pour des expositions à plus long terme", alerte Cécile Allard.

Si la baignade est interdite, les Stéphanois et les Ligériens pourraient se tourner vers les espaces verts et les piscines municipales.


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