Saint-Etienne : 50% des cigarettes sont vendues illégalement

26 février 2024 à 7h57 par Amandine Rousset

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Crédit : Pixabay

Les buralistes de la Loire veulent plus de contrôle sur les marchés parallèles de tabac. Au fil des ans, ils voient leur clientèle diminuer.

"Rendez-nous le monopole du tabac."  Les buralistes ligériens sont en colère face à la hausse des trafics illicites de cigarettes. A Saint-Etienne, ces marchés parallèles représentent 50% des ventes : 1 paquet sur 2 est acheté en dehors des bureaux de tabac. L’une des raisons principales de cette hausse des trafics : le prix. Le tabac de contrebande, venu de l’étranger, coûte environ 6 euros, et celui de contrefaçon est aux alentours des 4 euros.

Ces trafics, les buralistes en sont témoins au quotidien. Thomas gère son commerce dans l’Ondaine et souffre de la situation. Il nous raconte voir parfois les deals se passer sous ses yeux.

"C’est : "est-ce que t’as des cartouches ? Oui j’en ai de telles marques. A combien tu la vends ? 60 ou 70 euros." C’est tout simple en fait. Mais le problème, c’est qu’aujourd’hui, il y a des clients que je ne vois plus. Ils habitent autour de chez moi, mais ils ne viennent jamais m’acheter de cigarettes. Pourtant ils les achètent bien à un endroit. Donc ces clients vont acheter des produits autour du tabac comme des filtres, des feuilles ou des tubes, mais pas de cigarettes."

"Non-assistance de buraliste en danger"

Thomas n’est pas le seul buraliste à voir sa clientèle diminuer. Au fil des ans, les bureaux de tabac en perdent beaucoup, les entraînant parfois à fermer le commerce. En 5 ans, la Loire s’est séparée de 10% de ses buralistes. Ils sont aujourd’hui environ 300 sur le département. Lors d’une conférence de presse organisée par la fédération des buralistes de la Loire, certains ont estimé que leur situation était synonyme de "non-assistance de buraliste en danger".

"L’interdiction de ramener du tabac de l’étranger, durcir le cadre légal lié au trafic de tabac, une revalorisation de la commission tabac, un moratoire de la fiscalité du tabac et que les fabricants cessent d’augmenter le prix des cigarettes", sont les revendications de la fédération.

En 2022, les buralistes avaient signé une convention, qui engageait notamment la Préfecture, la gendarmerie et les douanes, et qui visait à lutter contre le trafic illicite de cigarettes. Déçus des résultats, les bureaux de tabac demandent plus, notamment des sanctions plus fortes.

"Aujourd’hui, on demande aux autorités notamment des règles beaucoup plus fortes concernant les achats de tabac à l’étranger. On voudrait que ces derniers soient interdits au vu du caractère spécifique de santé publique. On demande aussi une revalorisation de notre commission car elle n’est plus suffisante pour nous permettre de vivre correctement aujourd’hui. Ensuite, on a d’autres demandes, qui sont plus liées aux trafiquants. On souhaiterait que les épiceries, et tous ceux qui se livrent au trafic de tabac dans leur magasin, soient condamnés à des fermetures immédiates et des peines de prison", explique Gilles Grangier, Président de la fédération des buralistes de la Loire.

"Un avenir en pointillé"

Thomas et d’autres gérants de bureaux de tabac craignent pour leur avenir. Certains évoquent un "avenir en pointillé".

"On arrive à combler ce manque par un mix. Mais si on a plus le tabac, qui est notre point fort, qu’est-ce qu'il nous reste finalement ? Si les clients ne rentrent plus pour acheter des cigarettes, qu’est-ce qu’on leur vend d’autres ? Plus grand-chose. Le tabac est notre produit d’appel, c’est ce qui brille à l’extérieur de notre commerce."

buralistes en colère
Crédit : Photo ACTIV Radio

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