Témoignage : cette Ligérienne ne peut pas partir à la retraite
13 avril 2023 à 7h43 par Nicolas Georgeault
Nathalie Lusseault est AESH, ces personnes qui accompagnent les enfants en situation de handicap la semaine et elle travaille à la cafétéria de l’hôpital Nord à Saint-Etienne le week-end. Deux emplois qui lui permettent de gagner péniblement 1200 euros et l’empêche de prendre sa retraite.
Une situation financière extrêmement dure
« Après le confinement, j’ai perdu deux emplois et demi. J’ai eu une allocation retour à l’emploi de la part de pôle emploi, financièrement intéressante. Comme j’ai travaillé toujours en double emplois, cette allocation a traînée tout le long et elle vient de s’arrêter en fin d’année. J’ai fait une demande à pôle emploi entre temps pour percevoir l’ASSE (allocation spécifique de solidarité) mais j’ai eu 62 ans entre temps. Pôle emploi refuse de m’indemniser vu que j’ai une carrière pleine. Je n’ai plus le droit à rien. J’ai perdu 800 euros d’un coup sans avoir été prévenue. »
Nathalie Lusseault parle de sa situation :
Durant la période où elle touche l’allocation retour à l’emploi, elle cumule deux jobs. Ses journées commencent à 5 heures du matin la semaine : « je fais ma journée, souvent un peu longue, les derniers cours sont souvent à 18h. Je fais au minimum 26h par semaine avec beaucoup d’heures de coupures au travers. Le week-end je travaille à la cafétéria de l’Hôpital Nord. En fonction des absences je vais aussi travailler là-bas toutes les vacances scolaires. Je ne suis pas partie en vacances depuis je ne sais pas combien de temps... Et la faute à pas de chance je suis toujours dans ma voiture (elle roule environ 20 000 km par an ndlr) et je viens d’essuyer 1 400 euros de frais dessus. Financièrement c’est très très dur. Là si je n’avais pas un peu d’aide de la famille... Je suis en début de mois et presque à 500 euros de découvert sur mon compte ! A mon âge ce n’est pas décent. »
Nathalie Lusseault parle de son quotidien :
Un avenir « noir »
Si Nathalie Lusseault prenait sa retraite maintenant, elle toucherait 740 euros brut par mois. Aujourd’hui, elle touche 882 euros nets grâce à son métier d’AESH auquel vient s’ajouter un complément de 350 euros nets pour son travail à la caféteria. Il lui faudrait travailler presque trois ans de plus pour toucher un peu moins de 1 000 euros mensuels et jusqu’à 67 ans pour gagner environ 1 070 euros par mois.
« J’ai fait de l’hôtellerie, ensuite j’ai bifurqué sur le commerce, j’ai été responsable d’un magasin d’électronique pendant neuf ans raconte-t-elle. Après mon congé parental, j’ai eu mon commerce pendant dix ans et je n’ai pas assez cotisé... Et depuis 2009 je suis AESH. »
Nathalie Lusseault parle de ce qu'elle ressent :
Face à cette situation, elle ressent de « l’injustice, de l’incompréhension. Je trouve que le gouvernement n’a pas compris l’attente, le questionnement des gens. Je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir encore tenir. Psychologiquement, je sais que je suis à la retraite, ça m’a mis une claque. Je me dis tu devrais être à la retraite, tu l’as mérité. »
Elle en veut « énormément au gouvernement qui n’écoute pas le peuple. Comme par hasard, à chaque qu’il y a une grève, il (Emmanuel Macron) va se promener (il s’est notamment rendu en Chine lors de manifestation du 6 avril ndlr). On n’est plus du tout en démocratie, on impose. »
Pour la suite elle espère « pouvoir arrêter de travailler, je pense que je l’ai bien mérité. L’avenir, il est noir là tout de suite, je dois continuer à travailler. »